Le réemploi des produits et matériaux de construction présente un fort potentiel écologique et peut également s'avérer rentable. Il est toutefois essentiel de procéder à une identification précise des polluants présents dans les bâtiments. Le diagnostic réemploi offre-t-il un nouveau champ d'activité aux spécialistes des polluants du bâti?
Diagnostic Réemploi : un nouveau domaine d'activité pour les spécialistes des polluants du bâti
Simon Schneebeli; août 21, 2025
Compte tenu du taux de remplissage des décharges, mais aussi de la raréfaction des ressources et des émissions élevées de CO2, il est judicieux de réutiliser les matériaux de construction plutôt que de simplement les éliminer comme déchets pour ensuite utiliser des matériaux neufs.
Pour que la réutilisation des éléments de construction fonctionne, il faut identifier et enregistrer à un stade précoce les éléments réutilisables afin d’avoir le temps de trouver, soit des acheteurs, soit une nouvelle manière de les utiliser sur son propre projet.
Les spécialistes des polluants du bâti peuvent jouer un rôle clé
Les spécialistes des polluants du bâti peuvent jouer un rôle important à cet égard : d'une part, parce que la réutilisation doit être « propre : cela signifie que les polluants dans le bâtiment doivent être identifiés de manière exhaustive et, si nécessaire, éliminés.
Mais également parce que les expert:es en polluants du bâti interviennent tôt dans le projet : une fois sur site, il semble logique de ne pas se contenter de rechercher uniquement les polluants, mais de vérifier en même temps quels éléments de construction sont potentiellement réutilisables.
Pourquoi est-ce important ? Plus on identifie tôt les éléments réutilisables, plus on a de chances de trouver un repreneur.
Ce marché a-t-il un potentiel ?
Depuis des années, il existe des « chasseurs de composants », c'est-à-dire des personnes qui recherchent des matériaux réutilisables dans les bâtiments anciens. Actuellement, le marché est en forte croissance, car de plus en plus de maîtres d'ouvrage voient un potentiel dans le réemploi des matériaux, tant sur le plan économique que pour améliorer le bilan écologique (norme SIA 390/1). Cela revêt une importance croissante, en particulier pour les grandes entreprises, mais aussi pour les pouvoirs publics.
La nouvelle norme SIA 430 mentionne également la réutilisation dans le cadre du concept d'élimination (concept de réemploi, voir l'exposé de Kurt Morgan à la PolluConf). Et l'année dernière, le Parlement a également décidé d'ancrer explicitement le réemploi de matériaux dans la loi sur la protection de l'environnement (LPE, art. 35j). Plusieurs cantons travaillent également à l'élaboration de telles lois ou les ont déjà mises en œuvre.
Cependant, de nombreux maîtres d'ouvrage ne commanderont un diagnostic de réutilisation que si cela en vaut la peine financièrement. Un recensement systématique et complet des matériaux, comme celui qui est effectué pour les polluants du bâti, ne correspond pas encore aux besoins du marché.
Pour proposer le diagnostic de réemploi comme service, il faut donc non seulement savoir comment recenser les éléments de construction, mais aussi pour quels éléments il existe une demande, et pour lesquels cela fait sens du point de vue écologique.
Une nouvelle formation, pour qui exactement ?
La formation désormais proposée se compose de deux parties :
- Cours A : introduction et pratique (1.5 jour) : Cette formation d'introduction enseigne les bases du réemploi de matériaux de construction. Elle s'adresse principalement aux personnes qui souhaitent promouvoir la réutilisation dans leurs propres projets.
- Cours B : cours avancé (2.5 jours) : Cette formation s'appuie sur la partie A et s'adresse aux personnes qui souhaitent proposer le diagnostic de réemploi comme service. Elle approfondit la systématique, y compris les questions juridiques, économiques et écologiques. La formation se termine par un travail pratique individuel.
Les formations sont décrites en détail ici.
Comment la formation a-t-elle vu le jour ?
L'idée de cette formation est née il y a près de deux ans. Elle a été suivie de nombreuses discussions très constructives avec différents experts. Il en résulte une collaboration formelle sous l'égide de l'Association professionnelle Cirkla, ainsi que de Roto Baumarkt, Materiuum, LPA Ingénieurs & co sàrl et sanu future learning AG.
Le développement de cette formation bénéficie du soutien financier de l'Office fédéral de l'environnement (OFEV).